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Culture Boxe

Fighter : qui a vu Arturo Gatti ?

Par    le 17 mars 2011

Fighter de David O. Russel avec Mark Wahlberg et Christian Bale, à l’affiche depuis le 9 mars, est un sacré bon film de boxe.

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CLASSIQUE

L’histoire est celle de Micky Ward, un journeyman de Lowell Massachusetts, entraîné par son frère aîné, Dicky Eklund, ancien boxeur sous crack qui prétend avoir fait chuter le grand Sugar Ray Leonard. Si les archives privilégient la thèse de la glissade, le bonhomme et son anecdote n’en font pas moins partie de la mythologie du quartier.

En sus de son frère, Micky Ward porte d’autres croix : une famille envahissante, un quartier étouffant et un management douteux incarné par une mère hystérique qui l’envoie régulièrement au casse-pipe contre des gars plus grands, plus forts et plus lourds que lui.

Malgré tout, il devient champion du monde. Comme souvent au cinéma, le courage et la détermination l’emportent sur les déterminismes socio-économiques et ce en dépit de qualités pugilistiques à peine au-dessus de la moyenne. Classique.

Ce qui l’est moins et c’est l’une des grandes réussites du film, c’est l’attention portée à la nocivité de l’entourage du boxeur.

Non content de mener une existence spartiate et d’échanger les gnons sur le ring, celui-ci traîne généralement une caravane d’assistés dans son sillage : famille, amis, voisins, tous les moyens sont bons pour sucer la roue du champion.

« PERSONNE N’AURAIT ÉTÉ PAYÉ »

Dans Fighter, c’est son entourage qui pousse Micky Ward à accepter de rencontrer un adversaire de dernière minute auquel il rend 8 kg. Après s’être fait refaire le portrait, il explique avoir combattu car sinon « personne n’aurait été payé« .

Dans son Mohammed Ali, Alexis Philonenko évoque la fin de carrière d’un Ali que l’on soupçonne déjà parkinsonnien :

Alors il faut supposer le pire. Que cette cinquantaine de personnes, qui vivaient de l’argent d’Ali, aient décidé d’exploiter jusqu’au bout la « vache à lait ». Les revenus d’un combat étaient toujours bons à prendre dans l’incertitude qu’il y en aurait un autre.

UN SEUL ÊTRE VOUS MANQUE…

Autre dossier : Arturo Gatti. L’ombre du champion canadien, contre lequel Micky Ward a disputé l’une des plus belles trilogies de l’histoire du noble art, plane sur le film. Vers la fin, Ward bat un autoproclamé « Gatti européen » et l’on devine que la rencontre avec le Canadien approche. Suite au prochain épisode ? C’est ce que Mark Wahlberg laisse entendre dans une interview à Collider.com.

Ce second tournage risque d’ailleurs de poser un drôle de problème de casting : qui pour jouer le Canadien ? Si Wahlberg est parvenu à reproduire la boxe rugueuse de Ward, son faciès ressemble plus à celui de Gatti qu’à celui de son propre personnage…

La preuve en vidéo :

nicolas@zeisler.fr

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