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Culture Boxe

Ponce Pilate Sarko évite la gauche de François Flamby

Ponce Pilate Sarko évite la gauche de François Flamby – by Geoffrey Champin

Ils se sont accordés sur la taille du ring, le nombre de rounds et même la température de la salle. « Ils » ce sont les deux candidats à la ceinture de champion de France : le challenger, François « Flamby » Hollande, et le tenant du titre, « Ponce Pilate » Sarkozy.

Ces derniers jours, les séances de « trash talking » se sont multipliées, le tenant du titre annonçant qu’il allait « exploser » son challenger officiel. Loin de s’en épouvanter, ce dernier, sous-estimé selon son coin, laissait entendre qu’il était prêt à régner sur la catégorie reine.

Le jour du combat, les deux hommes ont profité de l’horaire tardif du duel pour recharger les accus et débarquer sur le ring de la Plaine Saint Denis pleins d’énergie.

Pas de round d’observation

Le combat commence. Les premiers échanges sont virils, droite « kärcher » contre gauche « flamby« . Le tenant du titre attendait une anguille… Surprise, son adversaire bloque ses attaques et riposte sèchement. Ce soir, les esquives sont restées à la salle.

A la grande joie du public, les deux hommes ont décidé de zapper le traditionnel round d’observation.

C’est le challenger, François « l’ancien Flamby » qui donne le tempo et coince le tenant du titre dans les cordes. Le champion se ramasse sur lui-même, monte la garde et laisse passer l’orage. A l’expérience…

Mis au supplice par le jab du challenger, son oeil droit a le clignement louche. Son regard, marqué, cherche du réconfort auprès des journalistes disposés autour du ring. Dans un sursaut d’orgueil, il réplique.

« They’re trading punches in the middle of the ring »

Dans les travées, on s’étonne de la violence des échanges et, une fois n’est pas coutume, on se félicite d’avoir « payé pour voir« . Chaque coup porté déclenche les manifestations hystériques du coin de l’agresseur.

On craignait le championnat de France des lourds à la papa, on se régale d’un spectaculaire combat de coqs.

Les rounds défilent et les deux hommes commencent à manquer de gaz. Les accélérations sont moins fluides. Quelques crochets isolés atteignent pourtant leur cible. La fatigue aidant, c’est la foire aux coups bas. Les boxeurs s’accrochent. « Joe Cortez » Ferrari a toutes les peines du monde à faire respecter les canons du noble art.

Soudain, le challenger place un contre fulgurant. Le champion vacille. C’est l’expérience qui lui permet de tenir sur ses jambes spaghetti. Le docteur Pujadas le fixe dans le blanc des yeux, pose quelques questions pour vérifier son état cérébral. Quel est ton nom ? Combien de doigts ? Ponce Pilate est la seule réponse obtenue.

Les cris de la foule assoiffée de sang descendent des travées et nous indiquent que le duel tourne à l’avantage du challenger. « Ponce Pilate » Sarko a beau employer sa lourde droite à marteler les flamby du challenger, ce dernier encaisse sans ciller. En perdant son double menton, il en a gagné un en béton armé.

La fin du combat est marqué par de multiples accrochages. Les coudes traînent, les uppercuts cherchent leur cible sous la ceinture.

Le coup de gong final libère les champions mais la tension ne retombe pas. La traditionnelle accolade fraternelle d’après match est subtilement évitée. Des insultes sont échangées entre les deux coins.

Visages marqués les deux hommes attendent le verdict des juges. Le 6 mai.

nicolas@zeisler.fr

Illustration de Geoffrey Champin –  http://gchampin.net/

François « Flamby » surprend « Ponce Pilate » Sarko