Tout plutôt qu’un vrai boulot — Tex Cobb (42-7-1)

Culture Boxe

Grandeur et folie

Par    le 27 décembre 2009

La grandeur doit-elle nécessairement être associée à la folie? Les plus grands conquérants ont tous été qualifiés – à un moment ou à un autre – de fous par leurs contemporains. Avant de devenir Alexandre le Grand, le plus célèbre de tous les Macédoniens n’était qu’Alexandre le fou. Conquérir l’Asie, quelle folie !

Le fou est généralement celui dont le projet apparaît invraisemblable à ses contemporains. C’est seulement lorsqu’à la surprise de tous il parvient à ses fins qu’il devient – a posteriori – un visionnaire et gagne ses attributs de grandeur.

Et la boxe ? Un grain de folie est sans doute nécessaire pour marquer durablement l’histoire du noble art. Manny Pacquiao et Floyd Mayweather Jr, les deux meilleurs boxeurs en activité, l’illustrent  à merveille.

Floyd Mayweather Jr n’est pas fou pour deux sous: depuis ses débuts il a mené sa carrière à la perfection. Pas une fois il n’a affronté un adversaire en position d’underdog. Il n’a jamais été réellement mis en difficulté. Floyd, toujours invaincu après 40 combats, analyse méthodiquement la situation, les forces et les faiblesses de ses adversaires potentiels, leurs atouts pugilistiques comme leur potentiel économique ; bref, ce qu’il a à gagner et à perdre en les affrontant. Floyd « Money » Mayweather est un surdoué de la boxe, certes, mais il n’a jamais fait rêver que son compte en banque.

Manny Pacquiao, quant à lui, réalise un parcours surprenant. Il a remporté des ceintures mondiales dans 7 catégories de poids différentes, des poids mouches aux mi-moyens (welters en anglais), de 50 kg à 66 kg. Défiant tous les pronostics, il a grimpé de catégorie en catégorie, conservant sa vitesse d’execution malgré un remarquable gain de puissance. Oscar de la Hoya, Ricky Hatton et Miguel Angel Cotto, tous rossés par le phénomène, peuvent en témoigner.

Le fou déjoue toujours les pronostics. En 1974, un Muhammad Ali moins fringant qu’à la belle époque s’apprête à défier l’invincible George Foreman, à Kinshasa, Zaïre.  Les spécialistes lui prédisent une belle déculottée. A la différence d’Ali, Foreman a mis Frazier et Norton KO. Tout porte à croire qu’Ali sera sa prochaine victime. Pendant que Foreman martyrise sacs et sparring partners, Ali axe sa préparation sur l’endurance et la capacité à absorber les coups violents. Lors du combat, il s’asseoit dans les cordes et amortit les attaques du champion. Les rounds passent et Foreman s’épuise en vain. Au 8e round il est surpris par un enchaînement du challenger. KO. Ali est de nouveau champion du monde. The Greatest a encore une fois secoué le monde.

NZ

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