Tout plutôt qu’un vrai boulot — Tex Cobb (42-7-1)

Culture Boxe

A 36 ans, Emanuel Augustus (38 victoires, 33 défaites et 6 nuls) dispute samedi dans le Michigan le 78e et dernier combat d’une carrière en dents de scie contre l’invaincu Vernon Paris (23 victoires dont 14 KOs).

Augustus n’a plus gagné depuis juillet 2008 et une cinquième défaite consécutive l’attend sans doute au coin du ring. Alors, il sera temps de raccrocher les gants.

Ces 15 dernières années, Emanuel Augustus aura été le plus baroque de tous les journeymen, ces types au visage cassé qui servent de marche-pieds aux boxeurs en devenir.

LA « STRING-PUPPET DANCE »

Abimé par les trop nombreuses guerres qu’il a disputé, Augustus reste pourtant capable d’étonnants éclairs de génie.

Sur le ring, il a toujours été un boxeur aux identités multiples : parfois artiste, inventif, roi de l’esquive, parfois dur, encaisseur à l’ancienne, capable d’aller au bout de lui-même pour retourner les situations les plus compromises ou simplement pour tenir la distance, par orgueil.

Mais plus que tout Augustus est un showman, l’inventeur de la « string-puppet dance« . Soudain, il danse,  mi-félin mi-ivrogne, complètement désarticulé, sous les coups de son adversaire.

Les promoteurs n’ont pas tardé à flairer le bon filon mais avec Augustus le courant n’est jamais passé. Ce dernier n’en fait qu’à sa tête et change aussi souvent de promoteur que de chemise.

BOXEUR SANS PROMOTEUR = VICTIME

Augustus accepte tous les combats, n’importe où, n’importe quand, contre n’importe qui. Alors les promoteurs l’appelent au dernier moment, lui font affronter des hommes plus forts, plus grands, mieux préparés que lui, parfois trois fois par mois.

Même cramé, il donne un spectacle étonnant et, souvent volé par des juges locaux insensibles à sa « string-puppet dance », encaisse les décisions partisanes avec le sourire. Il ne lâche pas, amuse le public, tient la distance et, parfois crée la surprise. En 16 ans, il affronte 25 invaincus et 38 boxeurs qui ne comptent qu’une seule défaite ou moins. A titre de comparaison, Oscar De La Hoya a boxé 9 invaincus et Manny Pacquiao 7. C’est dire les sévices que s’est infligé Augustus.

Cela dit, « The Drunken Master » a eu ses heures de gloires. En 2001, les 10 rounds disputés contre Micky Ward ont été désignés « meilleur combat de l’année ». Augustus a perdu mais il a offert un spectacle sensationnel de courage et de talent.

L’année dernière, Floyd Mayweather, l’un des meilleurs boxeurs en activité, vainqueur d’Augustus par KO au 9e en 2000, a confié que ce combat avait été le plus dur qu’il n’ait jamais disputé.

NZ

La dernière danse d’Emanuel Augustus