Tout plutôt qu’un vrai boulot — Tex Cobb (42-7-1)

Culture Boxe

Vincent_Gigante

Boxeur, parrain et sosie de Mark The Ugly

Cigares, pento et costards blancs étant régulièrement de sortie les soirs de match, nombre de boxeurs ont pensé trouver dans la cosa nostra d’alléchantes perspectives de reconversion. La plupart d’entre eux – cantonnés aux basses œuvres – sont rapidement passés du rire aux larmes. La plupart mais pas tous. Vincent « The Chin » Gigante, solide lourd-léger chiffrant à 21 victoires pour 4 défaites au moment de raccrocher les gants a su tirer son épingle du jeu.

À 16 ans, le jeune Vincent devient boxeur professionnel. Après un baptême en eau de boudin sanctionné d’une première défaite, il enchaîne les perfs pour pointer à 21-3 avant d’affronter Jimmy Slade. La marche est trop grande et le gamin, coupé au visage, est arrêté au 7ème round. À 19 ans, il change de catégorie en intégrant la famille Genovese, celle de feu Lucky Luciano.

Sur le ring comme dans les ruelles sombres du New York des fifties, Vincent est un homme de défi. Donnant d’abord dans le jeu illégal et le vol de voitures, il tente ensuite d’envoyer Franck Costello six pieds sous terre. Raté. Beau joueur, celui qui a fortement inspiré le personnage de Vito Corleone, refuse d’identifier son agresseur. Gigante est acquitté et continue sa carrière à l’ombre des borsalino.

Au début des années 80, voilà notre homme à la tête de la famille Genovese. Son surnom : « The Oddfather » ou « l’énigme à la robe de chambre ». Le boss est régulièrement aperçu en pyjama, échangeant avec lui-même des mots incompréhensibles. En 2003, il confiera avoir mis au point cette petite ruse de coyote pour échapper aux poursuites en se faisant passer pour une personne mentalement déficiente. Gigante gère pourtant la famille de main de maître. Sa paranoïa fait son succès : il ne quitte que rarement la maison, boude le téléphone et fait passer ses ordres par messagers interposés.

Arrêté en 1990, le parrain joue les benêts et recueille les fruits de son jeu d’acteur. Depuis plus de 20 ans, il a fait scrupuleusement constater chaque année son état de déficience mentale à un bataillon de psychiatres. Quant aux témoins appelés à la barre, ils confirment tous qu’un accusé au si modeste QI serait bien incapable de gouverner une famiglia. Reste que la supercherie finit par être dévoilée par son auteur en 2003 et que sa santé mentale le lâche dans la foulée.

L’insaisissable Vincent « The Chin » Gigante, boxeur, parrain, faux puis vrai fou, nous quitte pour de bon en 2005 à 77 ans.

NZ

Vincent « The Chin » Gigante a.k.a « The Oddfather »