Tout plutôt qu’un vrai boulot — Tex Cobb (42-7-1)

Culture Boxe

L’agonie de la boxe

Par    le 29 juin 2011

Un jeudi à Ivry dans la cave d’une boucherie halal : un ring, des vieux gants, des posters d’époque et Dominique Delorme, ancien boxeur pro, entraîneur et auteur d’un slam au titre révélateur, L’agonie du noble art. Le Ring et la Plume, Cultureboxe réunis pour une interview express, tendance « c’était mieux avant ».

Le slam comme moyen d’expression, c’est original, non ?

Moi, je suis entraîneur, pas chanteur !  Et puis je me suis dit qu’aujourd’hui c’est ce qui marche le mieux pour toucher le plus de monde. L’objectif c’est de réveiller les consciences : la boxe est morte. C’est zéro, double zéro !

Pourquoi ce constat ?

La boxe a perdu sa magie. Je me rappelle mes débuts amateurs en 73 à la salle Wagram. Là c’était magique. Tu rentrais, tout le monde fumait, tu ne voyais plus rien. Pour faire les 20 mètres jusqu’au ring, il te fallait un quart d’heure. Les gens criaient, hurlaient, t’attrapaient par le bras pour t’encourager. Il y a deux ans, je suis allé au Cirque d’hiver : franchement, je me suis demandé si j’étais au théâtre. Les temples de la boxe n’existent plus.

« La boxe c’est pas du ping pong »

Qu’est-ce-qui a changé ?

Aujourd’hui il y a 300-400 boxeurs pro en France. A la belle époque c’était 1500 ! La boxe professionnelle, c’est comme demander à un enfant de travailler à l’école alors qu’il n’y a rien derrière. Tu vas entraîner un mec pendant 6 mois : footing, préparation physique, prendre des coups à l’entraînement… pour lui dire au final qu’on a pas trouvé de promoteur. Non merci.

Pourquoi la boxe a-t-elle perdu son public ?

La boxe c’est pas du football ou du ping pong, les gens veulent du spectacle, des KOs ! Ça n’intéresse personne de voir nos champions se faire la main avec de la chair à canon qu’on fait venir d’Afrique ou d’Europe de l’Est. On ne respecte pas le public…

Est-ce que vous faites pas un peu le culte du passé ?

Je me souviens qu’à mes débuts, les anciens disaient déjà qu’à leur époque c’était différent… Aujourd’hui les nostalgiques, ils sont comme moi, quand il y a une soirée de boxe, ils restent chez eux.

 

Propos recueillis par Jean-Charles Barès et Nicolas Zeisler

L’agonie de la boxe