Tout plutôt qu’un vrai boulot — Tex Cobb (42-7-1)

Culture Boxe

L’extraordinaire parcours de Manny Pacquiao, champion du monde dans huit catégories différentes, a fait de Freddie Roach l’étoile des hommes de coin. Parallèlement à l’ascension de son poulain, il est devenu le coach le plus convoité du plateau, prenant sous son aile de nouveaux champions : Amir Khan, Vanes Martirosyan et Julio Cesar Chavez Jr.

Typiquement l’extraordinaire succès de Coach Freddie et de ses boxeurs pose la question suivante : est-ce le boxeur qui fait l’entraîneur ou l’inverse ?

Pour Kevin Kelley, ancien champion du monde WBC des Plumes, la question ne se pose pas :

C’est évidemment le boxeur qui fait l’entraîneur. Sans boxeur, l’entraîneur n’est personne. Si c’était l’entraîneur qui faisait le boxeur, comment expliquer que des entraîneurs soient incapables de former plus d’un, deux ou trois champions ?

Un point pour Kelley. Nombreux sont en effet les coach à n’avoir jamais sorti qu’un champion. Kevin Rooney a fait un travail remarquable avec Mike Tyson, Jack Mosley a emmené son fils Shane des amateurs jusqu’au titre de champion du monde, Robert Alcazar a formé avec succès Oscar De La Hoya. Loin d’être remis en cause leur travail n’en reste pas moins limité à un seul boxeur.

Et Kelley d’en remettre une couche : on ne se fait pas, on naît champion.

N’importe qui peut devenir boxeur. Il suffit d’apprendre : jab, crochet… En revanche, on n’apprend pas à être un champion : l’agressivité, l’instinct du tueur, ça c’est une autre histoire. Un champion c’est celui qui, dès qu’il est touché, se jette sur son adversaire pour lui rendre la monnaie de sa pièce. C’est naturel, ça ne s’apprend pas.

Qu’un inconnu, entraîneur de quartier ou père d’un gosse plein de talent, sorte un champion du monde ne veut pas forcément dire que la confrérie des entraîneurs n’a pas d’impact sur ses boxeurs. Un vrai champion deviendra champion, quoi qu’il arrive, mais un mauvais coach peut vous le cramer en un tour de main.

Cameron Dunkin, manager de boxe depuis des lustres, en sait quelque chose. Il a longtemps poussé Kelly Pavlik, ex-champion du monde des Moyens, à passer sous la houlette du respecté Kenny Adams.

Un mauvais coach peut vous cramer un gars, même si celui-ci continue à gagner. J’ai toujours voulu faire travailler Pavlik avec Adams : il aurait atteint un tout autre niveau. D’accord, Pavlik a gagné des titres mais ce fut au prix de combats extrêmement violents contre Edison Miranda et Jermain Taylor qu’il a remporté au courage. Imaginez comme il aurait été bon s’il avait su faire des pas de côté, bouger la tête, esquiver…toutes ces choses qu’enseigne Kenny Adams.

La méthode la plus efficace pour mesurer les qualités d’un entraîneur reste sans doute de voir s’il a sorti un gamin de la rue pour l’emmener au titre de champion du monde. Sur ce terrain là, personne n’a fait aussi bien qu’Emmanuel Steward qui a sorti pendant vingt ans champion sur champion de son Kronk Gym de Detroit.

Pour l’intéressé, la clé du succès est dans l’alchimie qui doit exister entre le boxeur et l’entraîneur. Il cite notamment celle qui unissait les frères Petronelli et Marvin Hagler.

Ce qui se passe c’est une alchimie, une relation qui vous fait parler le même langage. Peut-être que personne n’aurait obtenu de Marvin Hagler ce qu’ils ont obtenu de lui. Aujourd’hui Freddie Roach et Manny Pacquiao ont cette même sorte de relation. Ils se comprennent.

Cela dit, le champion reste l’élément clé. Vous pouvez avoir un entraîneur extraordinaire, quand la cloche sonne, le boxeur est seul. Seul à encaisser les coups et à faire les ajustements nécessaires pour gagner.

Seul.

Source : ringtv.com. Great fighters make great trainers, not the other way, William Dettloff.

nicolas@zeisler.fr

Les grands champions font les grands entraîneurs…