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Culture Boxe

Margacheato, à nouveau suspendu

Par    le 30 août 2010

Le 18 août, Antonio Margarito s’est présenté devant la Commission Athlétique de Californie pour l’examen de sa nouvelle demande de licence. Deux ans après avoir été pris la main dans le plâtre, il a maladroitement tenté de s’expliquer face à des interlocuteurs peu convaincus… L’interrogatoire n’a pas été tendre et le résultat sans appel : 5 voix contre 1, la punition n’est pas levée et ce, pour trois raisons… Quelques extraits :

1- LE BOXEUR DOIT ÊTRE LE SEUL MAITRE A BORD : la commission reproche à Margarito la lâcheté de sa position qui consiste à rejeter la faute sur l’entraîneur.

Margarito : Je faisais tout à fait confiance à Capetillo pour le bandage et le reste, et je ne sais pas pourquoi il a fait ça mais si j’obtiens à nouveau ma licence, je vais être plus attentif à tout. Je ne ferais pas seulement attention à ce que le bandage soit bon, mais à ce que tout soit bien fait. Je vais suivre les règles à la lettre et être plus impliqué.

Commission : Avant l’incident, considériez-vous M. Capetillo comme un entraineur “propre” ?

Margarito : Oui. Il n’avait jamais utilisé ou fait quelque chose de ce genre auparavant. C’est pour ça qu’on a travaillé aussi longtemps ensemble, dans de très bonnes conditions.

Commission : Donc c’est la première fois que vous vous rendez compte d’un tel incident ?

Margarito : C’est exact, monsieur.

Commission : Avez-vous jamais discuté avec M.Capetillo de ce que sont votre éthique et vos valeurs du combat ?

Margarito : Non. Nous travaillions simplement ensemble, nous préparant pour être au point, prêts pour tous les challenges.

Commission : Et considérez-vous cela comme un acte étrange par rapport au caractère de M.Capetillo.

Margarito : Totalement.

Commission : M. Margarito, à votre avis, pourquoi pensez-vous que M.Capetillo s’est cru autorisé à faire ce qu’il a fait ? Pourquoi s’est-il permis de le faire sans que vous en ayez connaissance ?

Margarito : Je ne sais pas quoi vous répondre. Je ne sais pas. (…) Ce que je sais c’est que si j’avais découvert cela avant, le résultat aurait été le même. Je me serais séparé de lui tout comme je l’ai finalement fait, sans autre explication. Mais ce ne fut pas le cas.

Commission : Eh bien, malheureusement, nous ne pouvons pas nous payer le luxe de savoir ce que vous auriez éventuellement pu faire. Nous savons ce que vous avez effectivement fait, quand vous n’aviez plus le choix… Vos  adjoints travaillent pour vous. Votre entraîneur travaille pour vous… Je veux dire que, quand vous rentrez sur le ring, comme quand vous obtenez un permis de conduire, vous ne pouvez pas connaître certaines règles de la route et en ignorer d’autres. Vous devez les connaître toutes.

[…]

Margarito : (…) si je pouvais tout faire tout seul, je n’aurais pas besoin d’équipe. Je n’aurais pas d’équipe avec moi pour l’entraînement, ou mes adjoints, ou qui que ce soit. Quoi qu’il arrive, je serais alors le seul responsable. Si je pouvais, je serais le seul responsable mais j’ai bien sûr besoin de gens pour m’aider parce que je ne peux pas tout faire tout seul.

Commission : Vous devez superviser et contrôler votre équipe constamment. Il n’est pas question de dire : « J’ai une équipe et je les laisse s’occuper de tout. »

Margarito : C’est vrai.

2- DES SOUPCONS PERSISTENTLa commission n’est toujours pas convaincue par la version de Margarito, par son étonnante ignorance du contenu des bandages. D’autre part, le boxeur n’a pas eu une attitude exemplaire dans la gestion de cette affaire.

[On lui demande s’il a fait des excuses publiques]

Margarito : Non, mais c’est pour ça que je suis ici. Je suis là pour répondre à toutes les questions, et je suis là pour faire des excuses, pas seulement à la commission mais au monde entier, pour ne pas avoir su ce qu’il y avait dans ces bandages.

[…]

Commission : Diriez-vous que vous honorez l’intégrité de la boxe, le fair-play et la justice dans la compétition ?

Margarito : Tout à fait. Je le crois.

Commission : Vous avez 42 combats. Mettons que vos mains ont été bandées au moins 42 fois. Par expérience, je sais une chose, ce n’est pas comme dans les films ou à la télévision où les mains sont bandées rapidement. Cela prend 15 ou 20 minutes pour bander une main. Et vous pouvez le sentir. Après 5,6,7, peut-être 8 tours, vous frappez le sac et on vous demande vos sensations… Ayant eu les mains bandées de nombreuses fois, je sais que je pouvais sentir quelque chose. Et c’est ce qui me pose problème… Vous ne cessez de dire que vous ne l’aviez pas senti, que vous n’étiez au courant d’absolument rien. Vous dites peut-être vrai. Mais je crois que vous me devez une explication.

Margarito : Si j’avais pu frapper quelque chose, alors peut-être que j’aurais senti quelque chose d’anormal. Mais je n’ai pas eu cette chance, je n’ai rien frappé et c’est pour ça que je n’ai rien senti – je ne me sentais pas plus serré, je n’ai rien senti de gênant. Je ne sais pas.

[…]

Commission : Avez-vous jamais demandé à Capetillo pourquoi il avait fait une telle chose ?

Margarito : J’ai bien eu une discussion avec lui après que tout ça soit découvert et je lui ai demandé : “Pourquoi as-tu fait ça ?” Et il m’a répondu : « Oui, fils, je l’ai fait et c’était ma faute. C’était ma faute. » Et quand je lui ai à nouveau demandé pourquoi il avait fait ça il m’a répondu : « Ne me pose pas cette question. C’était ma faute ».

3- FAIRE DE CE CAS UN EXEMPLE : la commission estime que la punition doit être sévère pour faire de cette affaire un précédent efficace.

Commission : Cette commission est chargée de la santé, de la sécurité et du bien-être des autres boxeurs. Et je crois que cette affaire peut constituer un précédent… Je m’inquiète du prochain boxeur à qui on offrira peut-être 250 000$ ou un million ou deux million de dollars pour un combat. Et si il pense que la punition ne dure qu’un an, il peut être tenté de prendre le risque [de tricher NDLR], c’est pour ça que cette affaire peut établir un précédent. C’est ce qui compte à mes yeux.

[…]

Pour les boxeurs, la morale signifie savoir que le fair-play passe toujours en premier. Personne n’a jamais dit que la commission athlétique de l’État attendait des boxeurs, des catcheurs et des pratiquants des arts martiaux qu’ils soient parfaits. Si c’était le cas, nous n’aurions pas un seul licencié dans cet État. Ce que nous pouvons espérer, et ce que nous avons l’obligation d’exiger, c’est que les boxeurs licenciés soit honnêtes envers eux-mêmes et leurs adversaires.

Suite à ce refus, Margarito a demandé et obtenu une licence à l’État du Texas afin d’honorer son combat face à Manny Pacquiao le 13 novembre prochain. Le combat aura donc bien lieu. A cette occasion, Pacman devrait infliger une punition à la hauteur de la tricherie qui entachera à jamais la réputation du mexicain.

En savoir plus sur Margarito :

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Pacquiao vs Margarito

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