Être classé c’est exister. C’est la preuve qu’on appartient à ce groupe d’hommes et de femmes qui mesurent leur valeur à la force des poings. Sauf qu’entre magouilles et manque de transparence, il est parfois difficile de saisir les logiques qui régissent les classements nationaux et mondiaux. Alors, qui classe qui, comment et pourquoi ?
Ligues nationales, qui boxe qui ?
Au niveau national chaque ligue professionnelle a sa propre politique. Certaines classent à tout va : en France, les boxeurs professionnels sont répartis dans des groupes de niveaux. Ils passent d’un groupe à l’autre en fonction de leurs résultats. Leur objectif : accéder au haut du panier a.k.a. le premier groupe. C’est dans celui-ci que la commission d’experts de la ligue pioche chaque mois les heureux élus qui composeront le classement des prétendants aux titres nationaux. Charge ensuite aux promoteurs de monter le combat.
Mais si le classement à la française entend favoriser les combats équilibrés, ces mesures de protection stimulent la venue de boxeurs d’ailleurs, chair à canon pour gonfler les palmarès des locaux. En Belgique à l’inverse, tout le monde peut boxer tout le monde et les journeymen du coin disputent le droit de perdre aux boxeurs de l’Est.
Fédérations internationales, des classements gonflés
En matière de ranking international, chaque fédération édicte ses propres règles en veillant à ne pas s’enfermer dans un cadre trop restrictif. Du côté de la WBC (World Boxing Council, l’une des fédérations internationales les plus importantes), c’est un « comité d’évaluation » qui rend chaque mois son verdict. La liste des critères pris en compte est longue comme un jour sans pain : palmarès, activité, résultats, niveau des adversaires, importance des combats disputés, passé de boxeur amateur ou dans une autre discipline, combats disputés à domicile ou à l’extérieur, style, défaites sur décisions controversées…
Cela dit, ces classements relèvent d’organisations dont la raison d’être est de monter les matchs les plus lucratifs. On gonflera artificiellement le classement du challenger officiel pour mieux vendre un combat. D’une manière générale, les fédérations valorisent leurs boxeurs et oublient ceux qui ont le mauvais goût de combattre pour les ceintures des organisations rivales. Sans oublier le billet que les promoteurs les plus riches leur glissent parfois pour acheter leur bienveillance. Journeymen sans ressources ou boxeurs non protégés sont donc condamnés au coup d’éclat – battre un membre du top 20 ou du top 40 – pour bousculer l’ordre établi. Comme quoi un lucky punch peut toujours changer la donne.
The Ring, la référence
Face aux magouilles fédérales, le magazine américain The Ring, « la bible de la boxe », propose son propre classement des dix meilleurs boxeurs de chaque catégorie, établi par une dizaine de spécialistes internationaux. Un classement à haute valeur symbolique pour les boxeurs et les fans. La référence absolue des discussions de comptoir.
Box Rec, la puissance du nombre
Laissés pour compte des classements internationaux, les boxeurs de quartier ne jurent que par Box Rec. Cette encyclopédie de la boxe en ligne, compile tous les combats du monde qui ont ou vont avoir lieu. Un travail de fourmi soutenu par une communauté prompte à pointer les erreurs éventuelles. Un algorithme maison classe ensuite l’ensemble des professionnels d’hier et d’aujourd’hui selon leurs performances. Mon classement montera donc en flèche si je bats un adversaire de valeur par KO. Et je perdrais moins de points en tenant la limite devant un champion du monde plutôt que de me coucher devant un boxeur moyen. Une sorte d’invitation au fighting spirit.
NZ