
« La boxe est le quartier rouge du sport américain », écrivait Jimmy Cannon. Mondial, même. Jaime Munguia vient de nous en apporter une preuve éclatante : positif à la testostérone.
Mis KO sur une droite fulgurante de notre Bruno national en décembre dernier, le Mexicain a visiblement pris ses dispositions pour la revanche. Il a rejoint la Team Canelo et troqué son préparateur physique pour un préparateur chimique. Résultat : une victoire aux points et un concert de louanges sur sa capacité à mettre du volume jusqu’au coup de gong final.
Bruno Surace a réagi avec classe, soulignant qu’on ne triche pas dans un sport où l’on met sa vie sur le tapis. La boxe est cruelle. L’accumulation des coups abîme ceux qui l’ont trop aimée. Ils seraient en droit d’attendre un minimum de justice. J’espère de tout cœur que Bruno obtiendra réparation : un no-contest, son poids en lingots d’or et un combat pour le titre.
Cet événement est loin d’être un cas isolé. Par amour de la boxe, nous avons une tendance naturelle à nous voiler la face. Par amour des boxeurs, nous devrions voir et dire les choses comme elles sont. Depuis les années 90, une génération de boxeurs a développé des corps post-modernes à la musculature douteuse (Mosley, Holyfield, Canelo…) Hasard ou coïncidence, de plus en plus de boxeurs ont été victimes de poussées d’acné. Les mauvais esprits diront qu’il s’agit d’un des effets secondaires les plus courants de la prise de stéroïdes-anabolisants.
Le cas de Canelo est édifiant. Avant de rejoindre sa Team, Jaime Munguia n’avait jamais eu de problème de dopage. Après un combat, il rejoint la liste des boxeurs cornaqués par Eddie Reynoso pris par la patrouille : Oscar Valdez, Rey Martinez et le boss, Canelo Álvarez, à propos duquel je rappelais cet épisode dans La BOXE c’est quoi ? :
Deux mois avant sa revanche contre Golovkin, Canelo Álvarez, qui gagne miraculeusement en muscles sans rien perdre de son explosivité à chaque fois qu’il monte de catégorie, est contrôlé positif au clenbutérol, un décontractant musculaire qui figure en bonne place sur la liste des produits dopants. Sa ligne de défense ? Il aurait mangé un morceau de viande mexicaine traitée aux hormones. Il prend six mois de suspension. « Je ne crois pas à ces histoires. Des experts ont déterminé qu’il s’agissait de dopage, pas de consommation de viande contaminée », accuse GGG. « Golovkin est un trou du cul », répond avec élégance l’amateur de steaks.
Jaime Munguia a publié un communiqué de presse truffé de fautes d’orthographe dans lequel il clame son innocence et rappelle qu’il existe de nombreuses façons de se faire contaminer (sic). Des questions me tourmentent : ce jeune homme est-il bien conseillé ? Qu’attendent les instances pour enquêter sur Eddie Reynoso et la Team Canelo ?
Les résultats de l’analyse de l’échantillon B viendront sans doute confirmer la culpabilité du Mexicain. D’ici-là, il aura sans doute peaufiné sa stratégie de défense : viande ou poisson ?
LA BOXE, c’est quoi ? est publié aux éditions vroom originals
Texte : Nicolas Zeisler
Illustrations : Ferry Gouv
Préface : Bruno Surace
Édition : Hossein Adibi
Supervision éditoriale : Jérémy Denis
Pour commander le livre : c’est par ici