Tout plutôt qu’un vrai boulot — Tex Cobb (42-7-1)

Culture Boxe

Du « barrio » à l’or olympique

« Boxing is my baby » aime à dire le plus fringant des retraités du noble art, Oscar De La Hoya. C’est sûr qu’avec la médaille d’or olympique ramenée de Barcelone en 1992 plus 10 titres mondiaux dans 6 catégories de poids différentes pour un palmarès total de 39 victoires – 30 par KO – et 6 défaites, le bilan est plutôt positif.

Tout commence à East Los Angeles. Le petit Oscar est le fils d’un couple de mexicains partis à la conquête du rêve américain. Comme souvent au pays de Julio Cesar Chavez, la boxe est une passion familiale. Le grand père De La Hoya a squatté les quadrilatères du bled comme professionnel tandis que le paternel s’est contenté  d’une plus modeste carrière amateur.

Le bambin, lui, ne tarde pas à faire ses premiers pas sur les rings du quartier. Avec succès : combattant parfois jusqu’à 5 fois par mois il sème la terreur partout où il passe. Il terminera sa carrière amateur avec 223 victoires dont 163 KOs pour seulement 6 défaites…et une médaille d’or olympique.

1992 et les J.O. de Barcelone sont un tournant. Il perd sa mère quelques mois avant les olympiades et lui fait la promesse de porter l’or sur sa tombe. Oscar dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit : il revient d’Espagne la breloque au cou et affublé d’un nouveau surnom, « El Niño de Oro » ou « The Golden Boy ».

Julio Cesar Chavez, Whitaker, Trinidad, Mosley et les autres

Ravi d’abandonner le casque et d’enfiler de plus petits gants pour faire parler son punch, Oscar passe pro dès son retour de Barcelone. Ses débuts sont tonitruants. En 1996, avec simplement 21 victoires dont 20 KOs au compteur, il se lance le premier grand défi de sa carrière : partager le quadrilatère avec son idole, le roi du KO et héros mexicain, Julio Cesar Chavez.

Lorsqu’il fait son entrée devant un public moustachu acquis à sa cause, Chavez est un boxeur aussi expérimenté que redouté. Il n’a connu la défaite qu’une seule fois et approche doucement des 100 combats. 5 fois plus qu’Oscar ! Jean-Baptiste Duroselle, grand historien de l’Europe, nous avait pourtant prévenu : « Tout Empire périra » écrivait-il, visionnaire, en 1981. Ce soir-là, au Caesar  Palace (ça ne s’invente pas), l’Empereur mexicain, horriblement coupé, abandonne sa couronne à la fin de la 4e reprise.

C’est un triomphe pour le Golden Boy qui l’installe une bonne fois pour toutes parmi les plus grands. Deux ans plus tard, il confirme sa victoire en surclassant  à nouveau un Chavez en bout de course.

Suivent des défis à la hauteur du personnage : Pernell « Sweet Pea » Whitaker, Felix « Tito » Trinidad, Ike « Bazooka » Quartey, Arturo « Thunder » Gatti, Ricardo « El Matador » Mayorga, Fernando « El Feroz » Vargas, « Sugar » Shane Mosley, Bernard « The Executionner » Hopkins, Floyd « Pretty Boy » Mayweather, Manny « Pacman » Pacquiao…la liste est longue des grands champions à avoir échangé des amabilités avec De La Hoya !

« J’aime la boxe parce que c’est le sport le plus difficile qui soit » répète à l’envie Oscar. Toujours à l’affût de nouveaux défis, il ne refuse aucun combat, aussi difficile soit-il. Autant dire que ses 6 défaites sont largement compensées par des victoires sur 17 champions du monde différents.

Les paillettes et les dollars

Le hic : quand il délaisse les quadrilatères, il nourrit consciencieusement son image de « Joli Coeur » en poussant la chansonnette dans un style cuculapraloche que ne renierait pas José José, célèbre chanteur pour dames de l’autre côté du Rio Grande. Le doute n’est pas permis, Oscar a la cote auprès du beau sexe : lorsqu’il revient sur les rings, il est plus populaire que jamais et les jetés de soutifs ont de beaux jours devant eux ! Lors d’une entrée surréaliste dans l’arène pleine à craquer d’El Paso, le bellâtre, tiré à 4 épingles dans un costume traditionnel de mariachi, fait chavirer le coeur de 50.000 admiratrices. Les maris de ces dames préfèrent piquer du nez dans leurs bières.

Les femmes se trompent rarement et cette fois encore elles ont vu juste : Oscar est étonnamment bel homme. Comme si les coups ne laissaient pas de traces… Il n’y a pourtant pas de  hasard en ce bas monde et Oscar nous révèle son secret : ce bon vieux steak froid sur la tronche, indispensable pour conserver son allure de playboy. Avis à tous les boxeurs en herbe : n’oubliez pas de passer chez le boucher…

Si la petite gueule de notre Golden Boy lui permet de faire moisson de soutifs, son impeccable présentation est aussi précieuse pour faire du biz. Oscar est l’antithèse du boxeur cramé et ruiné par la clique de ses promoteurs, ex-femmes, dealers et autres mauvaises fréquentations. Il est sorti de l’arène les poches pleines des 696 millions de dollars gagnés à la force de ses poings (soit dit en passant, ça valait le coup de se bouffer quelques gnons) et avec un ambitieux plan de reconversion. Avant même de raccrocher les gants, il monte en effet Golden Boy Promotion, devenue en près de 10 ans la plus grande société de promotion de combats de boxe au monde.

En plus, l’animal a une vision : développer la boxe autour de méga-combats. Bref, faire du noble art un sport global comme le foot. Le foot ? Enfin le soccer… Oscar vient de rejoindre le comité chargé de préparer la candidature d’Oncle Sam pour accueillir le mondial 2018 ou 2022.

« I’m the American dream », du Oscar dans le texte. Pas faux. Aujourd’hui ce Barack Obama latino pèse : des hôtels, des journaux en espagnol, du sucre, une fondation, des écoles, un hôpital…l’empire De La Hoya a de beaux jours devant lui.

Et moi je retourne à la salle avec l’espoir de devenir beau et riche comme « El Niño de Oro »…

nicolas@zeisler.fr

From East L.A. « The Golden Boy » Oscar De La Hoya