Tout plutôt qu’un vrai boulot — Tex Cobb (42-7-1)

Culture Boxe

tapia

Ça m’a pris tout d’un coup, j’ai eu envie de raconter la vie de Johnny Tapia. Sans pouvoir tout dire évidemment. Parce que si la vie de Johnny Tapia était un film le producteur dirait au scénariste qu’il en fait trop. Johnny est né à Albuquerque au Nouveau Mexique en 1967. Son père, lui explique-t-on, a été assassiné alors que sa mère était enceinte. Un jour, alors qu’il a huit ans, elle va danser, il ne la reverra jamais, un homme la poignarde vingt-deux fois. On ne retrouve pas le coupable. Johnny est élevé par ses grands-parents, il entre dans le gang de los lobos, il apprend à se battre dans la rue, il n’aime pas ça mais il a du talent. Il découvre la cocaïne et il adore ça. « C’est ma maîtresse », dit-il. Il devient boxeur amateur, remporte son premier combat par KO en trente secondes. Il passe professionnel. Il est arrêté et suspendu trois ans à cause de la cocaïne. Pendant ce temps-là, il gagne sa vie en se battant contre les clients d’un bar d’Albuquerque dans l’arrière-cour. Puis il rencontre sa femme, Teresa qui le fait décrocher de la cocaïne par la manière forte. Il revient sur le ring, elle devient son manager. Johnny balaye tout sur son passage. Il accumule les titres de champion du monde. Lui qui est le méchant, le gangster, le drogué vient au secours d’un vieillard en train de se faire braquer à Chicago. Il se signe avant chaque combat, il a la sainte vierge entre les pectoraux puis dans le dos. Il a aussi « mi vida loca » sur le ventre. Ma vie de fou. Puis il aura « mama », Teresa, les noms de ses enfants, de son beau-père et le Christ sur la peau.

« Tous des saints »

« Tous des saints, dit-il, il n’y a que des saints sur mon corps. » C’est peut-être le boxeur le plus émotif de l’histoire du ring, quand il parle de la voix d’un homme qui a pris trop de coups on croirait toujours qu’il va se mettre à pleurer. Mais il ne peut pas lâcher la cocaïne. Il fait une overdose et pendant qu’il est à l’hôpital son beau-frère qui est son meilleur ami meurt avec son neveu dans un accident de voiture alors qu’ils viennent lui rendre visite. « Je les ai tués parce que j’étais dans le coma », dit-il. On trouve de la coke chez lui. Il fait trois ans et demi de prison. Il revient sur le ring. Entre-temps on a identifié l’assassin de sa mère, lui aussi est mort dans un accident de voiture. Puis son père qu’on croyait mort réapparaît. Jerry Padilla a vu une ressemblance entre lui-même et Johnny. Les tests ADN lui donnent raison. Finalement Johnny Tapia prend sa retraite à quarante-trois ans, il ouvre une salle de boxe pour les enfants qui ont mal grandi. Johnny est mort un 27 mai à quarante-ans d’une crise cardiaque. On lui en aurait donné vingt de plus. Le 27 mai, c’est bientôt. Il ne faut pas oublier Johnny Tapia.

Elie Robert-Nicoud

PS : Rendez-vous dimanche à 17h en direct sur la chaîne du Cap’tain Crochet pour un live de rentrée où l’on rendra hommage à Mi Vida Loca.

TOUCHANT : Elie Robert-Nicoud raconte Johnny Tapia et sa Vida Loca