Tout plutôt qu’un vrai boulot — Tex Cobb (42-7-1)

Culture Boxe

mal de pere

Je l’avoue, j’ai découvert Frédéric Roux grâce à la boxe : Hagler, Leonard, Ali et les rings de province. Je crois qu’il n’aime pas être rangé dans la case « écrivain boxe ». Il a bien raison. La boxe n’est jamais qu’un prétexte.

La classe et les vertus raconte une époque. L’épouse-t-on dans une débauche de strass et de paillettes ou se replie-t-on sur des valeurs datées, peut-être un peu périmées, bien qu’elles aient fait leurs preuves : le travail, la sueur et l’effort ? Le genre de questions que chacun est amené à se poser, un jour ou l’autre.

Après m’en être enfilé une brochette, j’en suis venu à penser qu’on tient avec Alias Ali la seule biographie possible du bonhomme : la polyphonie pour ne pas se faire mener en bateau. Je doute que Frédéric Roux goûte les rétrospectives à la gloire d’Ali, les concerts de louanges sans cesse recrachées par les mêmes interlocuteurs, ces rentiers de la mémoire. Et les témoignages des compagnons de route qui s’autoamnistient à peu de frais. C’est par les marges qu’on peut saisir un peu de la vérité d’un homme. A mon humble avis, on en apprend plus en lisant les propos de Dick Sadler, l’entraîneur d’Archie Moore, dont Ali, jeune amateur, avait intégré l’équipe, qu’en s’astiquant le poireau sur l’épisode de la flamme olympique. Quelque part dans Alias Ali :

« Archie avait un combat à Dallas contre Buddy Thurman, on est partis en train tous ensemble… De San Diego à Dallas, il doit bien y avoir mille kilomètres. Ce type a passé la moitié du voyage sa grosse tête de négro au travers de la fenêtre à hurler qu’il était le plus grand… imagine ce que les vaches et les cactus en avaient à foutre de ces conneries ! Au Texas… on a eu du pot de pas se faire lyncher. L’autre moitié, il l’a passée debout dans le couloir à chanter le Twist de Chubby Checker dont il connaissait pas les paroles ! « Twist again ! Twist again ! » Il a failli nous rendre aussi dingues que lui. Quand on est arrivé au Nouveau-Mexique, je lui ai dit de changer de disque. »

Et puis il y a Lève ton gauche, un morceau de France et de vie qui nous renvoie au début des années 80. La boxe, je me répète, n’est qu’un prétexte pour parler de la peur, du courage, de ce que veut dire d’être un homme, du monde et de ses ombres.

C’était couru d’avance : j’ai fini par lire un Frédéric Roux où la boxe est (presque) absente, Mal de père. Eh bien j’ai rarement lu un écrivain français raconter ainsi son père à l’agonie.  Quelle baffe ! Le sujet aurait pu être casse gueule…mais le résultat est stupéfiant. Son éditeur est formel : aux yeux de ses aficionados, Frédéric Roux est l’un des écrivains les plus injustement méconnus de sa génération.  Ole!

NZ

LIBERTÉ pour Frédéric Roux, NON à l’étiquette d’écrivain boxe